No maps, can't think straight | ft. Galatea

Son esprit ne cesse de le travailler. Sa tête tourne à plein régime, le poussant à faire les quatre cents pas dans son propre bureau, la maison vide en ce début de soirée, le milieu de la semaine laissant les lampes de la chambre de son fils éteintes comme à l'accoutumée. Il hésite, jetant une nouvelle fois un coup d'œil à la fenêtre en direction de la maison de sa voisine, les lumières lui parvenant lui indiquant que Galatea est bien chez elle. Il pourrait. Il pourrait aller lui parler, il pourrait aller en parler. Elle est l'une de ses plus proches amies et il a besoin d'aborder le sujet à voix haute, enfin, après des mois à tout garder pour soi dans la crainte puissante que le moindre murmure portant son nom signe la fin de tout ça. Et la fin, il n'est pas prêt à la connaître, pas alors qu'il vient seulement de la retrouver après près de vingt ans sans elle. Finalement, Johan attrape une bouteille de vin dans son frigo pour ne pas arriver les mains vides, range ses clés dans sa poche et enfile à peine une veste avant de presser le pas en direction de la maison des deux femmes Ackerman.

Quand il frappe, il tente de ne pas avoir l'air trop pressé, trop angoissé, trop quoi que ce soit. L'attente devant la porte lui semble longue, lui semble lui être une éternité alors qu'elle n'a pourtant rien d'anormal. Son regard se porte parfois à l'horizon, là où il distingue à peine la fin du trottoir sous ses pieds, s'attendant à chaque instant à voir venir l'une des quelques personnes qu'il préfère éviter avec la problématique qu'il a à aborder. La pression qu'il a sur les épaules, pendant un moment, il est incapable de dire si elle provient de sa magie, s'il perd le contrôle avec cette inquiétude qui enserre son torse, mais non. Non, sa magie va bien. C'est simplement cette fameuse inquiétude qui lui joue des tours.

Enfin, Galatea apparaît dans l'entrée, son expression indiquant clairement qu'elle ne s'attendait pas à le voir, pas aujourd'hui, pas à cette heure. « Bonsoir, désolé d'arriver à l'improviste. Tu aurais une minute à m'accorder ? » Il lève dans sa direction la bouteille qu'il tient entre les doigts, presque gêné. « Et surtout... » Sa voix se fait plus basse, son regard se fait plus désolé. « Est-ce que tu es seule ? » Si Cassandre est là, même dans sa chambre, il n'y arrivera pas. Il ne pourra pas. Tout ça doit rester entre eux, et il préfère encore rebrousser chemin alors qu'il a pris une décision, que de prendre le risque que tout ce qu'il a à dire glisse dans une oreille à qui rien de tout cela n'est destiné.