Black Terminal | ft. Rhaenyr

Ses doigts le brûlent encore, la peau rougie de l'intérieur, alors qu'il presse le bouton de l'ascenseur pour grimper quelques étages jusqu'au bureau de celle qu'il cherche. Il a hésité un moment, se disant qu'il parviendrait probablement à réparer tout ça lui-même - après tout, il est doué avec les machines, ça aurait pu se faire -, mais une longue tentative plus tard, Zacharias doit bien se rendre à l'évidence : si le serveur n'est pas mort puisqu'il s'allume, il n'arrive tout de même pas à s'y reconnecter, la bête refusant de jouer le jeu après le coup de jus monumental qu'elle a pris. Lunettes relevées sur la tête, le chercheur se pince l'arrête du nez alors qu'il ferme les yeux, la vue troublée par la fatigue et beaucoup trop de café pour son propre bien. La nuit a été longue, le projet avançant dans la bonne direction et, sans sa compagne chez lui pour l'inciter à rentrer, il a passé bien trop d'heures à la Tour Éclipse, penché sur son bureau.

Il est rappelé à la réalité par le bruit des portes en métal qui s'ouvrent, le laissant progresser dans le couloir pour trouver l'informaticienne à cette heure peu avancée de la matinée. Les noms défilent sous son regard et, quand il finit par mettre la main sur celui qu'il cherche, il frappe un, deux coups, n'ouvrant la porte que lorsqu'elle l'invite à le faire, un air désolé peint sur le visage. « Bonjour, Madame Bautista. Désolé de vous déranger aussi tôt dans la journée. » De la déranger tout court, en fait. Il sait qu'elle travaille pour le Haut Conseil, pas pour la Tour dans sa globalité, et il s'imagine qu'elle se fiche bien des occupants des autres étages mais du côté de sa boîte, le nom de la prodige est connu depuis son arrivée ici. Si quelqu'un peut l'aider, c'est probablement elle, alors qu'est-ce qu'il risque à tenter sa chance ? Dans le pire des cas, elle lui dit non, et il trouvera bien un moyen de se débrouiller seul. Au moins, là, il aura essayé. Et ce qu'il attend d'elle ne demande pas qu'elle jette un œil à ce que contient ce fameux serveur, alors tout devrait aller.

« Zacharias Ackerman, d'IA Imagineering, quelques étages en dessous. Je ne sais pas si vous vous rappelez de moi ? » Elle est venue se faire installer des implants chez eux il y a un peu plus d'un an et, si son état à lui laissait à désirer, il se rappelle tout de même son passage et le modèle exact qu'elle possède. Enfin, qu'elle se rappelle ou non n'a aucune importance. « Je sais que vous travaillez avec nos ministres, mais je me demandais si vous aviez quelques minutes à m'accorder ? J'ai un souci... Matériel, mettons. » Il doute que ce soit logiciel. Il a probablement grillé quelque chose quelque part quand il est intervenu, il voit mal comment il pourrait s'agir d'autre chose. Et, si elle ne peut pas rectifier le tir, elle peut peut-être lui dire d'où vient le problème pour qu'il puisse le corriger. Là, en l'état, il n'arrive pas à mettre le doigt dessus. « Bien sûr, il va de soi que je vous dédommagerai pour le déplacement. S'il vous plaît ? » À la tête qu'il fait, il est évident qu'il espère vraiment, vraiment qu'elle lui file un coup de main.

Les yeux rivés sur son écran, Rhaenyr s’ennuie profondément. La plupart des collègues qui ont souvent besoin de ses services sont en vacances et clairement, les journées sont très longues en ce moment. Alors, elle s’occupe, récupérant des infos ici et là pour les Southern Outcasts, effaçant toute trace de ses recherches par la suite. Avoir plus de temps pour fouiller est un luxe qu’elle n’a que très peu souvent alors, elle en profite. Mais le temps passe, bien trop lentement à son goût et elle ne peut rien faire de plus. Bon. Cela fait à peine une heure trente qu’elle est là et elle en a déjà marre. Elle souffle puis tant pis, se décide à ouvrir des jeux au hasard sur son ordinateur. Plongée dans sa partie de Solitaire depuis au moins dix bonnes minutes, elle est à deux doigts de râler quand on toque à la porte de son bureau. « Entrez ! » Peut-être qu’on va enfin lui donner de quoi faire ? Mais quand elle relève la tête, elle hausse un sourcil. Le visage de cet homme, sur le coup, ne lui dit rien. « Bonjour, Madame Bautista. Désolé de vous déranger aussi tôt dans la journée. » Au moins, il vient l’occuper, c’est déjà ça. « Zacharias Ackerman, d'IA Imagineering, quelques étages en dessous. Je ne sais pas si vous vous rappelez de moi ? » Ah, maintenant qu’elle a un nom, si si, ça lui vient. C’est le PDG de cette entreprise dont il mentionne le nom, entreprise assez réputée pour qu’elle leur fasse confiance pour l’installation des implants oculaires ayant clairement changé sa vie. Pour le moment, elle n’a aucun regrets. « Oh bien sûr, si, je me souviens tout à fait. Comment oublier la provenance des implants de haute qualité qui m’ont été installés il y a plus d’un an déjà… Que puis-je faire pour vous, Zacharias ? » La blonde lui offre un grand sourire, se demandant très sincèrement ce qu’il peut bien faire ici. « Je sais que vous travaillez avec nos ministres, mais je me demandais si vous aviez quelques minutes à m'accorder ? J'ai un souci... Matériel, mettons. » Ah ! La voilà, la raison de sa venue. Dans les faits, elle n’a aucune raison de refuser quoi que ce soit. « Bien sûr, il va de soi que je vous dédommagerai pour le déplacement. S'il vous plaît ? » Elle l’observe, l’espoir dans son regard en dit long sur à quel point il a besoin d’aide. Elle éteint son propre ordinateur et se lève, décidée à faire enfin quelque chose de sa matinée. « Vous venez de me sauver d’une matinée ennuyante, je suis toute à vous. Je vous laisse m’expliquer le souci en chemin ? » De là, elle l’invite à passer devant afin qu’elle le suive jusqu’à son entreprise. De toute façon, personne ne viendra vérifier qu’elle est là et au pire des cas, elle trouvera bien une excuse. « Dites-moi tout, je vous écoute. » Ses talons claquent sur le sol alors qu’elle le suit à la trace, bien curieuse de savoir ce qu’il se passe pour qu'il ait tant besoin de ses services.

L'informaticienne lâche sa machine et il retient un soupir soulagé. « Vous venez de me sauver d’une matinée ennuyante, je suis toute à vous. Je vous laisse m’expliquer le souci en chemin ? » Elle lui fait signe pour qu'il commence à remonter le couloir, et Zacharias lâche enfin du regard son bureau. À quand remonte sa dernière matinée ennuyante, à lui ? Quand a-t-il eu le temps de penser à autre chose qu'à sa boîte ? Il ne peut même pas dire que ça date de la perte de Leif, parce qu'il était déjà bien trop plongé dans le travail avant tout ça pour se laisser un peu de temps mort, alors il a du mal à trouver l'instant exact. Peut-être que ça lui manque, un peu. Un instant sans rien, un instant d'errance. Un instant où, pour la première fois depuis bien longtemps, il se poserait sincèrement la question sur la manière dont il pourrait occuper son temps. Mais il ne peut pas se le permettre, pas là, pas maintenant. Pas alors qu'ils ont tant de choses à faire, qu'il a tant de choses à gérer.

« Dites-moi tout, je vous écoute. » Elle est chaleureuse dans sa manière de lui demander et, qu'elle fasse ça parce qu'elle veut l'aider ou pour s'occuper, peu importe, parce qu'elle ne donne aucunement le sentiment de le faire à reculons, et ça le met un peu plus à l'aise avec elle. « Nous avons malheureusement été victimes d'une attaque informatique un peu plus tôt. Pourtant, tout est régulièrement vérifié, y compris les versions courantes de nos protections mais, là... Je ne sais pas comment ils s'y sont pris, si une backdoor était installée quelque part, » même si ça, ça l'étonnerait pas mal, « ou s'ils ont utilisé quelque chose pour forcer l'accès au serveur... » Il commence à penser à voix haute, à s'égarer un peu, appuyant de manière absente sur le bouton pour appeler l'ascenseur. « Toujours est-il qu'ils ont commencé à s'infiltrer et... » Là, il hésite. Il la regarde du coin de l'œil, inspire un bon coup. « Je n'avais pas particulièrement le temps d'attendre que notre sécurité informatique arrive dans les bureaux, ni d'aller couper le courant pour couper l'accès, alors... » Zacharias grimace un peu, profitant des portes en métal qui s'ouvrent pour s'engouffrer sans l'observer. « J'ai tout court-circuité. » Pour lui, il est évident qu'il parle de sa magie, il n'imagine pas deux secondes qu'elle ne visualise pas exactement ce qu'il entend par là. « Le serveur redémarre mais je n'y ai plus accès et... » Et ça le frappe, ça lui arrache un nouveau soupir. « Quelque part, ce n'est pas plus mal, je ne sais même pas si nos nouveaux amis sont encore dans le coin à attendre que tout soit remis sur pied ou pas... » Il va vraiment devoir s'assurer de l'état des protections de leurs projets, parce que là, clairement, il y a un souci.

LElle attend les explications avec impatience, bien décidée à focus sur autre chose que sur son profond ennui. Si, de plus, elle peut apporter son aide, ça l'arrange. Rhaenyr est plutôt ravie de pouvoir lui filer un coup de main. « Nous avons malheureusement été victimes d'une attaque informatique un peu plus tôt. Pourtant, tout est régulièrement vérifié, y compris les versions courantes de nos protections mais, là... Je ne sais pas comment ils s'y sont pris, si une backdoor était installée quelque part, ou s'ils ont utilisé quelque chose pour forcer l'accès au serveur... » La blonde ne peut empêcher une grimace. Est-ce qu'en fouillant elle aurait involontairement forcé le passage de son côté ? Ce n'est pas impossible, sa concentration ayant été assez touchée par la lassitude de la journée et la fatigue qui s'est permise de se frayer un chemin. « Toujours est-il qu'ils ont commencé à s'infiltrer et... » Regards échangés, elle hausse un sourcil face à son hésitation. « Je n'avais pas particulièrement le temps d'attendre que notre sécurité informatique arrive dans les bureaux, ni d'aller couper le courant pour couper l'accès, alors... » Rhaenyr l'écoute en marchant, fixant le sol, réfléchissant à là où elle aurait pu merder en se baladant, elle qui fait généralement toujours attention. Si elle n'est pas certaine que ce soit elle, la possibilité fait naître un léger sentiment de panique. « J'ai tout court-circuité. » Elle lui lance un regard étonné, essayant de réfléchir à comment il a pu faire. « Le serveur redémarre mais je n'y ai plus accès et… Quelque part, ce n'est pas plus mal, je ne sais même pas si nos nouveaux amis sont encore dans le coin à attendre que tout soit remis sur pied ou pas... » La blonde lâche un « hm » de réflexion alors qu'ils finissent par arriver dans la salle des serveurs, ce genre de salles qu'elle connaît très bien.

Elle s'approche doucement des serveurs, observant tout autour d'elle. « Au moins tout a l'air propre, j'ai vu des salles bien pires que celles-ci. » C'est important d'être souligné et elle ne s'en prive pas. Elle regarde attentivement le serveur concerné. Le tutoiement est venu tout seul et sur le coup, elle ne le remarque pas. « Mouais, ça ne m'étonne pas que tu n'y aies plus accès. Une pièce a complètement grillé, je ne saurais te dire laquelle. » Elle grimace de nouveau. « Je suis désolée mais je ne vais pas pouvoir faire grand chose dans ce cas-là. Je n'ai pas du tout ce qu'il faut avec moi et je ne suis même pas certaine d'avoir les compétences nécessaires pour réparer la pièce. » Rhaenyr réfléchit aux possibilités qui s'offrent à elle et reste silencieuse pendant bien dix bonnes secondes. « Je connais sûrement quelqu'un de compétent mais je pense qu'il ne pourra passer que demain matin ou très tard dans la soirée, si tu lâches un billet de plus. Il est en déplacement à Solaria. » Elle lui offre un très grand sourire. « Mais… Avec un peu de chance, j'arriverai à marchander et il ne devrait pas trop abuser au niveau du prix. Avec d'autres, il n'hésite pas une seule seconde, jamais. Mais bon... pas avec moi. » Très fière de l'information, ça ne l'empêche pas de se sentir mal de ne pas pouvoir plus aider Zacharias comme elle le voudrait. « En tout cas, ils n'y sont pas allés de main morte. Vous avez de gros projets en préparation ? Et euh, bon, la curiosité parle pour moi, mais de quelle façon as-tu court circuité tout ça ? Sacré morceau. » Curieuse, elle a un peu envie d'en savoir plus.

« Au moins tout a l'air propre, j'ai vu des salles bien pires que celle-ci. » « J'essaye de faire attention de manière générale, et de faire un peu de cable management quand j'ai le temps, pour nous éviter des migraines plus tard... » Zacharias passe une main fatiguée sur sa nuque, observant la blonde qui s'approche du serveur dont il lui a parlé, la sensation de l'électricité qui court encore sous la peau de ses doigts. « Mouais, ça ne m'étonne pas que tu n'y aies plus accès. Une pièce a complètement grillé, je ne saurais te dire laquelle. » Elle confirme ses doutes, ses craintes. Il n'a pas eu le temps de réellement mettre les mains dans le ventre de la bête, de faire le tour du matériel pour voir ce qu'il a bien pu endommager, mais au moins, maintenant, il sait. Et alors qu'il a le mince espoir qu'elle puisse le dépanner là, tout de suite, elle y met bien vite un terme en lui affirmant qu'elle n'a ni le matériel, ni les compétences pour gérer un tel problème, et il grimace un peu. Tout ça va le mettre bien plus en retard qu'il ne l'aimerait, qu'il ne voudrait se le permettre, et bien évidemment, les quelques rapports dont il a besoin et qu'il a laissés sur ce serveur en particulier n'ont pas de sauvegarde ailleurs, parce qu'il était bien trop focalisé sur son travail pour prendre le temps de faire les choses correctement. Le chercheur se maudit dans un soupir quand l'informaticienne reprend enfin la parole, la lueur d'une idée dans le regard.

« Je connais sûrement quelqu'un de compétent mais je pense qu'il ne pourra passer que demain matin ou très tard dans la soirée, si tu lâches un billet de plus. » Le soir même, c'est déjà bien trop tard à son goût, mais a-t-il réellement le choix ? Il pourrait essayer de trouver quelqu'un d'autre, un réparateur qui aurait déjà la pièce en question, mais... Mais si elle ne peut pas lui indiquer laquelle, il ne sera pas en mesure de répondre à la moindre question sans d'abord faire ses propres recherches, et il perdra tout autant de temps à gérer tout ça lui-même. Il essaye de ne pas trop laisser son visage s'assombrir face au sourire qu'elle lui offre quand elle lui assure qu'elle peut marchander pour lui, et ça le conforte dans l'idée de passer par elle, de lui faire confiance. « Vous avez de gros projets en préparation ? » Avec une pointe d'hésitation, le spécialiste acquiesce. Un gros, très gros projet, même, mais il n'a pas vraiment envie de l'aborder dans les détails, pas sur l'instant, pas avec elle. La confiance, oui, mais limitée. « Et euh, bon, la curiosité parle pour moi, mais de quelle façon as-tu court circuité tout ça ? Sacré morceau. » Le questionnement dans sa voix lui est bien familier, et à ça, il peut bien apporter la réponse. Alors il lève une main, laisse l'électricité passer son épiderme pour rejoindre la surface alors qu'elle fait presque luire ses doigts de l'intérieur. « Je maîtrise l'électricité. Enfin, "maîtrise"... D'une manière toute relative. Mettons que je me débrouille avec, assez pour pouvoir l'utiliser dans mon travail ici et là. Pas assez pour ne pas manquer de faire sauter les plombs quand j'en perds le contrôle. Autant te dire qu'on a dû pas mal investir dans la qualité de notre matériel. » Il a l'air à la fois gêné et amusé par ses propres révélations, un peu plus à l'aise avec ses épisodes catastrophiques qu'il ne l'était à une époque. « En ce qui concerne la personne compétente... Je veux bien que tu le contactes, oui. S'il peut passer ce soir au plus tard, ce serait parfait. Je suis prêt à payer ce qu'il faut, son prix sera le mien. » Après tout, cette situation, c'est lui qui l'a créée, il peut bien assumer... « Si, par miracle, tu arrives à le faire venir un peu plus tôt, tu me sauverais la vie. Mais sinon, c'est déjà très gentil de ta part de me trouver une solution. Je te revaudrai ça, promis. » Parce que tout ça, ça ne fait pas partie de ses attributions, encore une fois. Parce qu'elle a la gentillesse de l'accompagner et de l'aider. « Tes yeux, ça va ? N'hésite pas, si tu as besoin que je regarde tout ça un jour. » Le travail, c'est probablement le sujet qu'il maîtrise le mieux. « Je n'ai pas vraiment eu le temps de me pencher sur les avancées de l'équipe qui travaille sur le modèle de tes implants, mais je peux me charger de leur mise à jour s'il y a besoin... »